15 Août : Grand Croix (au pied du barrage du Mont Cenis) – Briançon 142 km (2094 m de dénivelé)
Col du Mont Cenis 2081 m – Col du Télégraphe 1566 m – Col du Galibier 2642 m

Réveil à 7h15. Pour le petit-déjeuner, il a fallu attendre l'arrivée du pain et des croissants qui devaient monter de la vallée. Départ à 8h00. Il faut déjà grimper puis suivre une route valonnée et « casse-pattes » d'une dizaine de kilomètres pour atteindre le col du Mont Cenis. On longe le lac, c'est grandiose. Beaucoup de camping-cars. A notre grande surprise, il ne fait pas froid du tout, nous nous sommes trop habillés. Nous descendons enfin vers Lanslebourg, la route est large, la descente rapide. En bas, un arrêt est nécessaire pour changer de tenue et opter pour une plus légère. En face de nous, le massif de la Vanoise avec ses glaciers s'étale majestueusement. Le temps est encore au beau fixe. Nous descendons la vallée jusqu'à St Michel de Maurienne en passant par Modane et, par chance, le vent nous pousse allégrement. Ça y est, le gros morceau va pouvoir commencer : le Galibier avec ses 35 kilomètres d'ascension.

Le col du Télégraphe se présente tout d'abord devant nos roues. Le fort du Télégraphe est notre repère, nous savons que nous devrons monter jusqu'à son niveau. On rencontre de nombreux cyclistes : un groupe de Norvégiens que l'on reverra le lendemain, une Hollandaise en souffrance dès le bas, un jeune Hollandais parti comme une fusée. Nous ne sommes plus sur la même planète qu'eux.
Nous sommes le 15 Août et la circulation automobile est dense également. On monte tranquille, on sait dès à présent que le journée sera longue, encore une fois. On arrive en vue du sommet du col du Télégraphe, un idiot affuté me fait le sprint « pour rire » alors que je n'ai rien demandé et que je me traîne plutôt ; le vélo, contrairement à ce que l'on peut penser, ne rend pas forcément intelligent. On descend sur Valloire (qui tire son nom de « vallée d'or »), bouchon à l'entrée pour cause de fête au village. Vive le vélo ! Un tracteur transformé en char de carnaval champêtre tracte des skieurs sur la route ! Arrêt pour acheter de quoi manger et on attaque la montée du Galibier proprement dite. La ligne droite pentue à la sortie de Valloire nous calme d'entrée. On s'arrête juste après pour manger et souffler un peu, nous avons déjà 80 kilomètres dans les jambes pour aujourd'hui et 468 depuis 4 jours.
Commence alors l'ascension qui m'a paru la plus pénible mais également l'une des plus majesteuses dans des paysages incroyables. Les kilomètres inscrits sur la route ne défilent pas vite, on essaie de savourer ces instants magiques où nous faisons corps avec nos vélos, avec la montagne, avec la nature. On gère son souffle, on est à l'écoute des ses muscles, de ses articulations, prêts à répondre au moindre signe annonçant une crampe, une tendinite, ... 5 km, 4 km, 3 km, 2 km, l'entrée du tunnel qui permet d'éviter le sommet du col (Je me demande pourquoi des automobilistes montent jusque là pour ne pas aller au sommet), plus que 1 km. Beaucoup de cyclistes nous auront doublés, de jeunes Belges montant en force les mains en bas du guidon (ils n'ont pas encore acquis la geste cycliste montagnarde), une Italienne format de poche, ... Le sommet est presque atteint. Pour rire, un cycliste sur un vélo randonneur mais sans sacoches nous dit qu'il ne veut pas se faire doubler par des sacoches, nous finirons donc ensemble. Sympa ! Le panneau « Col du Galibier » est quasiment illisible tellement les gens y ont mis d'autocollants pour montrer qu'un jour ils y étaient. On s'habille chaudement (immuable rituel) et l'on descend vers le col du Lautaret dans un premier temps. Par la suite, ce qui était à craindre se produit : nous avons le vent de face ! Finalement, nous arrivons à Briançon avec, bien en face de nous, au loin, la pyramide très reconnaissable du Monte Viso. Nous sommes fourbus mais heureux de cette belle étape. Reste à trouver le gîte. On sait qu'il est le long de la Durance, donc on n'hésite pas à descendre. Par la suite, on demande quand même la direction, juste par acquis de conscience,  et on apprend alors qu'il faut aller tout en haut de Briançon pour redescendre ensuite sur un autre quartier. C'est l'horreur ! Il nous faut donc monter l'avenue de la République et ses 500 mètres à 14%. Nous trouvons enfin le gîte tenu par une personne très sympathique. Quelques randonneurs se trouvent déjà là car ce gîte se trouve sur le GR5 reliant les Pays-Bas avec la Méditerranée. Le gérant nous donne quelques conseils sur que voir et où manger dans Briançon en évitant les « attrape-touristes ». Douche puis visite de la Ville Haute de Briançon et sa célèbre gargouille. Ça grouille de touristes, nous n'y sommes plus habitués. On trouve un petit restaurant sympa un peu à l'écart de toute cette foule, restaurant dans lequel nous dégusterons une excellente tartiflette. On annonce pour le lendemain un temps épouvantable. Le retour au gîte à pied se fait avec un esprit soucieux, même si la vue du ciel étoilé semble nous narguer.

 

Va-t-il pleuvoir ? Vous le saurez ici.