16 Juillet : Aulus les Bains - Quérigut / 114 km / 3300 m de dénivelé

Col d'Agnes (1570 m) - Port de Lers (1517 m) - Col de Larnat (910 m) - Col de Pailhères (2001m)

 

Le ciel est couvert ce matin mais aucune pluie n'est annoncée. Très bien ! Nous déjeunons copieusement en prévision de la longue journée qui nous attend.

Nous nous préparons tranquillement, discutons avec les gérants du gîte particulièrement intéressés par notre attirail : la remorque aura finalement beaucoup fait parler !

 

Il est 8h45 quand nous donnons les premiers coups de pédale et, comme de coutume, ils seront en montée. En effet, nous débutons cette étape par le difficile col d'Agnes. De quoi, encore une fois, ne pas trop apprécier la digestion des tartines ! Des fraises des bois en quantité égaient les talus (je m'arrêterai quand même pour en goûter quelques-unes, le dessert quoi !), les paysages sont encore une fois magnifiques et il n'y a personne, aucune voiture, rien ! Sur les 7 premières étapes, on a dû voir au total une centaine de voitures pas plus ! Soit les gens se cachaient à notre passage, soit ils préféraient la plage !

On n'a d'ailleurs pas vu d'ours non plus mais, par contre, des centaines de slogans anti ours un peu partout.

On est arrivés au sommet du col d'Agnes, le panorama est grandiose (le petit film ci-dessous voulait en attester), il fait un peu frais et Sylvain remontera sa selle, comme il l'a fait environ 5 539 287 fois lors du voyage.

Nous redescendons légèrement pour atteindre les abords de l'étang de Lers. C'est le paradis des vaches Gasconnes (elles sont toutes blanches !) et des parapentistes. Nous devons maintenant gravir le Port de Lers. 4 petits kilomètres au milieu des troupeaux, encore une fois, nous sommes dans des paysages très sauvages.

Nous descendons (encore ! Finalement, nous aurons gravi 39 cols mais nous aurons aussi descendu 39 cols !) jusqu'à Vicdessos où nous empruntons sur 8 km, la vallée du ... Vicdessos. Nous sommes à Capulet-et-Junac et tournons à droite pour emprunter le col de Larnat. Ca aurait été tellement simple de rester dans la vallée et passer par Tarascon, eh bien, non ! On voulait des cols, on aura des cols ! 

Nous ne savons encore pas que nous entamons le plus mauvais moment du voyage. La chaleur est intense et il fait humide ; au bout de 4 kilomètres, la "route" n'est plus goudronnée et nous sommes agressés par des milliards de mouches et de taons. Impossible de s'en défaire à la vitesse à laquelle nous montons. Nous constaterons le soir que nous sommes piqués un peu partout. C'est l'horreur !!!

Dans la descente, toujours non goudronnée, nous contournons le petit village de Larnat et récupérons bien vite le goudron qui nous mènera tout en bas, dans la vallée de l'Ariège.

 

 

Au détour d'un virage, je vois Sylvain arrêté et aussi perplexe qu'une poule devant un cure-dents ! Il s'est passé quelque chose. Je m'approche : la remorque est sur ses roues mais la protection au-dessus est déchirée à plusieurs endroits. L'attaque surprise d'un ours, d' un vautour ? Non, il faut se rendre à l'évidence : elle a fait un tour complet sur elle-même ! Nous remettons en place ce qui doit l'être et reprenons notre route. Nous n'avons toujours pas compris comment cela a bien pu se produire.

 

Dans la vallée, nous roulons quelques temps avec un cycliste qui nous souhaite d'avoir du beau temps jusqu'au bout. Bizarre ! Le ciel est d'un bleu immaculé !

 

Nous arrivons à Luzenac, il est 13 heures, il fait terriblement chaud (le compteur indiquera 38°C !) dans cette vallée et nous n'avons rien à manger. Il faut faire un choix, d'autant plus que l'étape se terminera par la col de Pailhères que l'on m'a décrit comme très difficile.

La sagesse nous enjoint de ne pas passer par les corniches (adieu les cols de Marmare et du Chioula !), nous allons directement à Ax-les-Thermes où nous trouverons forcément de quoi manger.

Quelques achats plus tard, nous repartons pour entamer l'ascension du col de Pailhères. Ce sera finalement le seul col au-dessus de 2000 mètres de notre voyage.

Après 3 kilomètres d'ascension, nous trouvons un petit coin à l'ombre pour pique-niquer. Nous nous doutons de ce qui nous attend donc nous essayons de reprendre des forces. Et c'est reparti ! Le col de Pailhères, c'est 1281 mètres de dénivelé sur 19 kilomètres mais les premiers kilomètres sont si peu pentus qu'un rapide calcul (nous sommes encore assez lucides pour cela) nous fait comprendre que la fin va être très dure. Et plus nous montons, plus ce simple calcul nous fait peur !

On traverse des champs entiers de gentianes, des troupeaux de vaches (le film est situé à 3 kilomètres du sommet environ). Encore une fois, on ne croise personne.

 

Nous arrivons aux 7 derniers kilomètres avec la station d'Ascou-Pailhères qui, avec ses pistes, ses télésièges,... a défiguré les paysages environnants. Que c'est laid, une station de ski l'été !

Un jeune marche au bord de la route, nous n'allons pas plus vite que lui ! Ce sera toujours plus que 9 % jusqu'en haut. Le froid commence à nous envelopper et le ciel se charge très rapidement. Nous repensons alors à ce que nous disait le cycliste de la vallée ...

A 1,5 kilomètres du sommet, une marmotte sur le bord de la route se sauve à mon passage. Image fugitive. Ce sera la seule que je verrai de tout ce périple ! Le sommet est atteint, toujours pas âme qui vive. 

Nous nous habillons chaudement pour la descente.

Nous sommes maintenant dans le Donezan. La descente s'effectue sur une route étroite, bien goudronnée et pleine de lacets. Super ! Bien vite, nous atteignons Mijanès où nous tournons à droite pour rejoindre Quérigut que nous voyons au loin au pied des ruines de son château du 13e siècle. La route monte encore un peu, derniers efforts de la journée !

 

Nous arrivons au village vers 18h45 et trouvons très facilement l'hôtel de ce soir (normal, il n'y en a qu'un !). Le patron, très sympa, va débarrasser les courses qu'il vient de faire (à Perpignan !) pour que l'on puisse ranger nos vélos. Douche, bière et repas ! 

Mon végétarisme ne pose, à ma grande surprise, aucun problème. Les gens de l'hôtel me parle, non sans une certaine incompréhension (mêlée de compassion - mais comment fait-on pour vivre quand on est comme ça ? -) d'un client végétalien venu la semaine dernière.

 

Après le repas, pris dans une salle de restaurant quasiment pleine, petit tour dans le village et ensuite dodo. On sent la fin du voyage approcher. Demain, le dernier col à plus de 1000 mètres.