Me voici donc à Mende, il est midi, l'office de tourisme vient de fermer, je me vois donc dans l'obligation de rester ici jusqu'à la réouverture de 14h00.

J'en profite dès lors pour faire un tour de la ville et reprendre la voiture pour aller pique-niquer sur le causse de Mende auquel on accède par "la montée Jalabert". C'est là qu'il avait gagné une étape du Tour de France le 14 Juillet 1995 en tenant tête toute la journée à l'équipe Banesto d'Indurain.

Par contre, c'est sans produit dopant que je compte parcourir mon périple. Je ne suis pas vraiment inquiet mais plutôt curieux de voir comment je vais passer les différentes montées et supporter les heures de selle alors que, cette année, je dois avoir ... 250 kilomètres d'entraînement !!

 

Le pique-nique avalé, je redescends sur Mende, demande conseil à l'employé sympathique de l'office de tourisme et pars me préparer. Je sais maintenant à peu près où je vais aller même si l'idée de n'être sûr de rien et de n'avoir rien réservé m'enchante.

Voilà, je suis prêt !

Je sors de Mende direction Chabris. Il fait 36°C ! Pffffff !!! Et tout de suite la première côte en direction de cette commune pavillonnaire. Je me mets en danseuse et je trouve comme toujours le vélo bien lourd. Pourtant, je ne me suis chargé qu'avec le minimum : tente, sac de couchage, tapis, réchaud, rechange pour le soir, nécessaire de toilette et un peu de nourriture. Et le livre de Leopardi et la lampe frontale, et une gamelle, et ...

 

Avant Barjac, je tourne à droite direction Marvejols pour emprunter la route que suivent les concurrents du semi-marathon Marvejols - Mende. L'employé de l'office du tourisme me l'a proposé en me demandant si les côtes ne me faisaient pas peur ... Sur le coup, je n'ai pas trop compris mais là, je comprends très bien. Environ 3 km pour 350 m de dénivelé !

Belle entrée en matière ! D'autant plus que ma chaîne a la mauvaise idée de dérailler !  Mais très vite voici la descente sur Marvejols et après la traversée de Chirac, je tourne à droite pour entamer le longue montée du col de Bonnecombe (via le col du Trébatut) qui va me mener sur le plateau de l'Aubrac.

 

Tout devient alors très tranquille ! Le bonheur ! Je suis ailleurs ! J'ai oublié la ville, l'école, les tracas, ... Je m'écoute monter, je sens mon souffle, mes muscles, mon coeur battre plus vite que d'ordinaire - l'allégresse sûrement - !

 

Des narcisses et des jonquilles partout, des fermes épars, des petits cours d'eau sinuant dans la campagne, des murets de pierre, ... Tout est magnifique, tellement magnifique que c'en est presque irréel d'autant plus que la lumière du soir donne des tons irisés à ce spectacle dont je suis (presque) le seul témoin.

A m'arrêter pour les photos ou simplement pour profiter de ces instants magiques, je mettrai environ 1h30 pour faire les 15 derniers kilomètres !

J'arrive enfin à Nasbinals terme de cette première étape. De nombreux randonneurs sur le chemin de Compostelle font halte dans cette petite ville.

 

Je m'installe au camping et reprends le vélo pour aller admirer la cascade de Déroc. Très belle ... même s'il y a peu d'eau !!

Après un petit détour par le café du coin, retour au camping, repas, lecture de quelques pages et dodo ... jusqu'à ce qu'un gros orage me réveille en pleine nuit.

 

Le Gnome : Tu as raison. Mais alors comment allons-nous faire pour connaître les nouvelles du monde ?

L'Elfe : Quelles nouvelles ? Que le Soleil s'est levé ou couché ? Qu'il a fait chaud ou froid ? Qu'ici ou là il a plu ou neigé, que le vent a soufflé ? A présent que les hommes ont disparu, la Fortune a ôté son bandeau, elle a chaussé des lunettes, mis au rencart sa roue, et s'est assise, les bras croisés, pour contempler les choses du monde sans plus y mettre la main. On ne voit plus d'Etats gonfler puis éclater comme des bulles ; ils se sont tous évanouis. On ne fait plus de guerres, et toutes les années se ressemblent comme des oeufs dans un panier.

 

 

Le Gnome : Et l'on ne pourra plus compter les années.

 

L'Elfe : Ainsi, plus tard, nous nous ferons passer pour plus jeunes que nous ne sommes ; et ne mesurant pas l'écoulement du temps, nous serons moins tourmentés ; enfin, quand nous serons très vieux, nous n'attendrons pas jour après jour la mort.

 

Cette nuit, je n'attends pas la mort, j'attends juste que le jour se lève pour un nouveau départ. C'est par là !

Une tulipe de Celse, peu commune apparemment.
Une tulipe de Celse, peu commune apparemment.