Réveil à 4 : 09 ! Un peu tôt pour se lever ! Je reprends donc pour la dernière fois du Giacomo Leopardi afin de relire "Dialogue de la Nature et d'un Islandais".

 

Evidemment, je me rendors et me réveille définitivement vers 7 heures.

Pour la dernière fois, je vais déjeuner sur l'herbe, je vais démonter la tente, je vais ranger les affaires dans les sacoches et je vais reprendre la route.

 

J'avais commencé à trouver mon rythme : se lever, se préparer, rouler et s'émerveiller de mille petites choses, trouver un coin pour dormir, monter la tente, boire une bière, manger, lire et dormir. Malheureusement, tout cela se termine aujourd'hui.

 

C'est donc une certaine tristesse qui m'accompagne lors des premiers kilomètres d'autant que le ciel a choisi sa parure du plus beau gris ce matin.

Cela me convient d'ailleurs tout à fait vu les coups de soleil que j'ai sur les jambes ! Plus tard, c'est finalement à regret que je vais voir apparaître un franc, beau et chaud soleil.

 

J'emprunte la vallée du Chapeauroux, une petite rivière dont je remonte le cours. La route s'élève tout tranquillement sur une dizaine de kilomètres pour atteindre le Col du Cheval Mort.

Les paysages sont encore sublimes, mais peut-être est-ce moi qui y suis plus réceptif. Trouverais-je la Beauce jolie ?

En tout cas, aucun jugement de valeur mais des faits pour dire que je n'ai jamais été aussi tranquille sur des routes. C'est un réel bonheur !

 

Aujourd'hui, je vais croiser quelques cyclistes qui me salueront toutes et tous d'un grand geste amical. Cela change des Alpes-Maritimes où un tel comportement te ferait passer pour un original.

 

Au sommet du col donc, une route sans issue monte au Truc de Fortunio où trône une immense antenne relais. Ce sera le point culminant de mon périple : 1551 mètres.

Si je dis "Truc", ce n'est pas parce que j'ai oublié le nom, cela veut simplement dire "sommet" dans la région : Truc de Grèzes, Truc du Midi, Truc de Balduc, ...

 

Super ! Il reste encore de la neige en bordure de forêt. Je ferai la seule photo de moi à cet endroit.

En haut, la vue est à couper le souffle. Justement, la table d'orientation présente tous les vents soufflant par ici. En tout cas, cela doit souvent souffler vu le nombre d'éoliennes que j'aurai vu dans les parages.

 

Je redescends cette route sans issue et croise deux randonneurs ... à cheval mais aussi un troupeau de motards prenant cette petite route pour une piste d'essais de vitesse ! Est-ce le fait d'être motard ou d'être en troupeau qui rend con ? Ou les deux ?

 

L'agréable descente me fait traverser Froidviala et atteindre Rieutord de Randon où j'emprunte pendant quelques hectomètres une route rouge (Whaou !!) de la carte Michelin et sur laquelle ... je ne rencontre personne. Inutile donc de tendre le bras pour tourner à gauche et entamer l'ascension du col de Charpal qui passe à proximité du lac du même nom.

Je monte à présent pour atteindre le Plateau du Palais du Roi (1390 m). On y trouve également une station de ski de fond.

C'est incroyable, au cours de ces 4 jours, le nombre de stations de ski que j'aurai rencontrées.

Cela donne envie d'y revenir en hiver pour randonner en raquettes ou à skis sur ces grandes étendues balayées par un terrible vent glacial (je suppose qu'il est tout autant glacial que terrible) !

 

Voilà, j'atteins maintenant la N 88 qui relie Mende au Puy. Il me reste alors une vingtaine de kilomètres en descente. Je m'octroie une dernière pause pique-nique pour faire durer le plaisir.

 

Finalement, Mende apparaît dans le lointain. Je suis heureux de cette parenthèse au calme, au milieu de la nature, à progresser uniquement par ses propres moyens.J'avais pris un autre rythme, un rythme qui me convenait bien ... mais qu'il va falloir changer tout en essayant toujours de ne pas se laisser dominer par les éléments extérieurs. Etre maître de sa vie.

 

Sur le chemin du retour, je m'interrogerai sur le fait de randonner à pied ou à vélo. Même si l'activité semble identique ou, tout du moins cherchant à atteindre le même but, je n'y vois que peu de similitudes : c'est bizarre : on voit plus de choses à vélo, et finalement on voit moins de choses !

C'est idiot mais je me suis senti frustré de ne pas avoir pu photographier de papillons. Certes, je me suis rattrapé sur les vaches !

D'une autre côté, il m'aurait fallu quinze jours pour faire tout cela à pied.

 

Pour conclure, la Lozère a été une découverte qui sera inoubliable en tant que lieu d'une nature préservée mais bien vivante. (Bon, j'arrête, on dirait du Jean-Pierre Coffe !!!)

 

L'Islandais (parlant à la Nature) : Tu dois savoir que, dès ma prime jeunesse, quelques expériences suffirent à me convaincre de la vanité de la vie et de la bêtise des hommes. Car ceux-ci, se combattant sans cesse pour obtenir des jouissances sans plaisir et des biens dont on ne jouit pas, subissant et se créant les uns les autres des soucis sans nombre et des maux infinis, qui de fait les tourmentent, s'éloignent d'autant plus du bonheur qu'ils le pourchassent. C'est en voyant cela que, dépouillant tout autre désir, je décidai, sans porter tort à personne, sans essayer en aucune manière d'améliorer mon état, sans rivalisr avec autrui pour aucun bien de ce monde, de vivre une vie obscure et paisible. En renonçant au plaisir comme à une chose niée à notre espèce, je ne me proposai d'autre but que de me tenir à l'écart des souffrances. Je n'entendais pas par là m'abstenir des travaux et des fatigues physiques : tu sais bien la différence existant entre l'effort et le malaise, entre une vie calme et l'inaction.